mardi 8 novembre 2016

Adieu

Ce n’est pas par hasard qu’on dit que nous nous sommes attachés à tout.  La nuit fut difficile. Cauchemars.  Je vis les arbres tombants, les maisons s’écroulant.  Une énorme inondation s’étendait sur la ville, peut-être parce que mes oreilles registraient le son bruyant de la pluie qui tombait. Désespéré, je cherchais dans l’entourage les choses qui me liaient à ma vie pendant que la tempête, à travers la fenêtre ouverte, mouillait tous mes livres et mes écrits qui gisaient sur la table.  L’eau a dissous toute l’encre et quelques papiers ont été d’une telle façon trempés qu’ils ont formé une masse informe de cellulose.  J’ai eu peur de perdre mes mémoires et mes souvenirs et je regardais et me promenais vers mes chers livres comme si je cherchais la liberté. 

Je me suis réveillé tôt ce jour-là. La nuit précédente j’avais pris une décision inédite : c’était le moment de dire adieu à mon ami.  Fatigué, j’ai fait des efforts pour me réanimer avec le café noir, en buvant le double de ce dont j'ai l'habitude.  Je l’ai laissé dans un lieu de la maison où je puisse le voir tout le temps.  Entre un regard et autre vers la table, vers la chienne, vers l’intérieur de la maison, il était là, silencieux, passif et je me suis demandé en silence si c’était cela ce que je voudrais faire.  J’ai essayé de me convaincre que j’avais un autre, pareil à lui. Pourquoi en avoir deux ?

Après la sortie, nous sommes arrivés très rapidement à notre destin. Dans le parcours, je l’ai mis à mon côté dans la voiture et j’étais encore inquiet de le prendre quand je freinais brusquement. Voiture garée, et j’avais encore un doute. Allez-y, et j’ai pensé qu'il faut finir avec ce tourment. 


Dans la place il n’avait personne car c’était dimanche matin. Je n’avais jamais fait cela dans ma vie.  Je cherchais s’il n’y avait pas spectateurs. J’ai eu honte, même s’il y avait dans ma tête le besoin de soulager quelqu’un, un sentiment caché mais si pur, si honnête.  Je ne serais pas capable de faire cela pour le mal. 
 
La promenade continuait jusqu’au moment où j’ai trouvé un banc sec et propre.  Je l’ai laissé là, soigneusement. Je le regardais la dernière fois. J’étais remercié de tout cœur pour les expériences inimaginables qu’il m’avait portées.  La compagnie agréable dans les moments de solitude. Je l’ai touché une dernière fois déjà en train de continuer mon chemin. 

Une douce brise nous faisait compagnie. Avant que je sois sorti, cette brise avait feuilleté les pages de l’objet abandonné, peut-être pour donner un dernier adieu, peut-être pour me sauver de mon ignorance encore une fois.  Là, je pouvais lire : l’Espoir. 


Frederico Ferreira

mercredi 19 octobre 2016

Autoportrait Duel

Je m’appelle Fred, j’habite à Campinas et je suis un citoyen du monde. Je ne suis pas le type qui ne supporte pas les choses étrangères. C’est le contraire. J’ai appris l’Esperanto justement pour que les frontières disparaissent et pour que la liberté ressurgisse de ses cendres.  La richesse du monde est dans la diversité culturelle.  Je connais plusieurs langues et chaque langue que j’apprends, c’est une nouvelle perspective qui s’ouvre devant mes yeux.  Je suis un consommateur de culture en général et de littérature en particulier, et j’ai appris à ne pas laisser que les traducteurs interprètent les originaux pour moi.  Je cherche dans la source.  J’aime la langue française et sa culture, mais je ne peux pas renier mes origines : je trouve aussi que la langue portugaise est merveilleuse et elle me semble encore plus belle quand je lis les poèmes de Fernando Pessoa ou les textes de Saramago avec l’accent de mon grand-père.  Je suis plus éclectique pour la littérature que pour la musique.  Le rock est toujours le rythme préféré et je reconnais qu’il me fait dresser les cheveux sur la tête, surtout les classiques comme Led Zeppeling au Iron Maiden.

J’ai déjà habité plusieurs villes et je n’aime pas déménager.  Je crois que nous devrions avoir nos racines très profondes, comme les grands arbres fructueux qui fournissent l’ombre, la nourriture et le repos.  L’amitié se fonde dans la possibilité de chacun décider sous quelle cime on veut rester. Je comprends que les bouleversements sont nécessaires à la vie, comme les tempêtes, les foudres et les crues. Je me permets d’être conduit par les événements, comme les petites feuilles qui volent, comme un personnage dans un livre qui est écrit à ce moment-là, mais je m’observe aussi comme l’écrivain qui critique son œuvre en essayant de la faire plus douce, plus utile.  Je n’habite pas seul, les enfants sont autour de moi comme les petits oiseaux, dépendants de tout.  Ils remplissent de joie mes jours, leur énergie et leur gaieté sont l’essence de la vie qui soutiennent l’arbre vivant.

J’ai un autre côté que personne ne soupçonne.   Quand j’ai un problème et je ferme mes yeux, je sens le vent salé de la mer et les petits grains de sable toucher ma peau.  J’écoute le son des vagues, l’eau explosant sur les pierres se transfigurant en écumes. Le vent souffle produisant une sensation de mouvement continu, de transformation.  Les problèmes paraissent petits devant l’immensité et la profondeur de la mer.  J’y suis attaché à partir de mes origines, par le jeune portugais qui cherchait une meilleure qualité de vie dans le nouveau monde, et je crois que non seulement le courage, mais aussi la foi et l’espoir ont rendu possible son arrivée ici.  Pour moi, la mer c’est la vie, l’histoire, la destinée.  C’est le repos du cœur sur les mémoires vivantes, pleines de couleur et de vivacité. C’est la rencontre avec mes chers parents accompagnés de mes amis d’été durant trois mois par an, c’est la pluie et les jeux de cartes, les petites amies bronzées et la jalousie de ma sœur qui faisait de tout pour que je ne m’approchasse pas d’elles.  La mer, malgré tout son sel, me fait encore jouir le doux goût de la jeunesse et un grand sentiment de liberté. 

Frederico Ferreira

vendredi 14 octobre 2016

Le passage

Je prévois combien de fois la vie ira te frayer quand tu dois prendre les décisions importantes pour toi-même. C’est dur, mais aussi nécessaire. 
Tu regarderas ta chambre, la maison où tu habites. Tu te souviendras des saveurs et de l’ambiance de nos petits déjeuners en famille. Tu passeras tes yeux sur l’étagère, rempli de livres et de petites histoires que nous avons lus ensemble plusieurs fois. La fenêtre, toujours ouverte, toujours ensoleillé, permettra que tu sentes par la première fois l’immensité du monde dehors. Au même temps, les murs qui ont toujours nous protégés te donneront la certitude de tout ce qui est fort, ne tombent jamais. 
C’est possible que tu penses à tes amis. Mais je ne doute pas que tu penseras à ta petite amie. Dans ce moment-là, elle sera aussi dans la tempête de pensées aléatoires et sans aucun sens. Vous serez frappés par l’insécurité de la solitude. Ton cœur essayera d’être plus puissant que ton raisonnement. Tu essayeras de rester chez nous. Dans le fond de ton être, pourtant, une force puissante te dit que ta vie changera et que l’adresse où tu habites ne sera que le quai que tu utilises pour te guérir des intempéries du cœur. 
Donc, courage mon cher fils. Ne crains pas le futur. Ne laisse pas que les illusions te détournent de ton chemin. Les passions à ton âge sont une espèce d’entrainement pour les pas plus défiants de ta vie : Ne te laisse pas dominer par les cheveux charmants, la peau fraîche, les corps que flairent à sexe et les sourires licencieux. Ne permets pas que le chant des sirènes te détourne de ton chemin. Écoute-les, goûte-les mais sans t’émouvoir. 
Tu penses, à ce moment, que c’est un défi un peu difficile de réussir. Non, ce n’est pas la vérité. C’est plutôt un entrainement pour que tu apprends à s’aimer plus qu’aimer les autres. Ce n’est pas être égoïste : S’aimer c’est faire de bons choix, c’est être juste avec soi-même. C’est être libre, sans ressentiments. 
Quand nous essayons d’être adultes, nous avons de grands défis devant nous : les rapports amoureux, la santé et le travail. Le premier est sans doute le plus grave, la cause de la majorité des chagrins de la vie : Quand il n’est pas bien réussi, il menace la santé et le travail. Motivés par l’égoïsme et par la méchanceté, c’est possible qu’on t’oblige à faire des choses qui vont contre tes convictions et tes désirs. Celles ne sont pas dignes de vivre avec toi. C’est comme Salomé qui a demandé la tête de Jean Baptiste. Laisse-les. N’abandonne jamais tes valeurs. Suis avant et ne regarde pas en arrière. 
Il faut savoir attendre l’ordre naturel des choses. Maintenant, c’est à toi. C’est à l’heure de donner les premiers pas seul, pour que tu commences à gagner confiance à ton chemin. Tout dans la vie est réglé par une force supérieure et tout bouleversement est à cause de la méconnaissance de cette force. Ne veuille pas que les événements arrivent avant. Courage ! Ne souffre pas longuement : à chaque jour suffit sa peine. Je serais toujours avec toi, nous sommes liés par le sentiment. La porte et les fenêtres seront toujours ouvertes. 

Frederico Ferreira

Texte aussi publié sur l'addresse: https://lerevelarealite.wordpress.com/2016/10/15/le-passage/#