jeudi 14 juin 2018

Poème de Remerciement

Je ne suis pas seul dans cette station — celle qui nous conduit vers l’avenir.
À mon côté, une amie depuis cinq ans,
Qui me regarde.
Nous nous observons silencieusement
Avec le cœur plein d’angoisse. 

Je ferme mes yeux.
Je reprends les moments indicibles
De notre premier contact.
Je sentais comme si j’avais vécu la réalisation d’un rêve.

Oh ! comme cet espoir divin
Qui unit deux êtres vivants
    L’une centenaire, presque immortelle,
Déesse de beauté ;
    L’autre éphémère, mortel que je suis,
Mais liés par le sentiment d’amour et par les expériences inoubliables !
Quelques-uns pourraient croire au hasard,
Je crois à la destinée.
    Je l’attendais et la suivait de près jusqu’au premier contact.

Merci, ma chère Langue Française, personnage imaginaire,
Pour avoir vécu avec moi l’intensité de ces moments !
Pour m’avoir accueilli avec tendresse et
Pour faire ressentir dans mon âme
Le chant des poètes immortels. 

Hélas ! Les changements de la vie
Nous obligent à nous éloigner pour l’instant.
Il n’y aura que des repères que ta compagnie m’avait montrés
Et je ne pourrais te remercier qu’avec la fidélité
Et mon amour éternel. 

Frederico Ferreira

jeudi 8 mars 2018

L'attachement

Oh mes livres ! Jamais ne m’abandonnez-vous !
Encore que sans le vouloir
Vous m’apportez toujours des bons conseils !
Quand vous vous ouvrez
Je sens comme si vous m’embrassiez.
Et vos mots, à travers des lettres silencieuses,
M’emportent les paroles de soutien,
De consolation.
Oh amis pour toujours !
Vous êtes sans cesse disponibles pour me faire compagnie.
Humbles copains donneurs de joie et provocateurs de sourires,
De pensées et de larmes.
Vous m’emportez du bonheur qui soulage mon âme
Désireuse de la beauté et de la liberté. 

Vos couvertures fermées gardent
Les émotions cachées
Les pensées qui s’enfuient
Et qui se glissent vers le cœur
Provoquant les rêves.
Je ferme mes yeux et je trouve
Mon jardin secret.
Là, il n’y a pas encore l’obscurité des sentiments des autres.
Je sens le parfum de l’encre sur les pages blanches et
Intouchées,
Ou même l’odeur des feuilles rajeunies par le temps,
Et le silence presque sépulcral
Seulement interrompu quand vos pages sont ouvertes sous la lumière.

Alors, qu’est-ce qu’êtes-vous ?
Manifestation de la pensée humaine
Récoltée par le temps,
Agrandie par l’espoir et la créativité ?
Ou l'idée matérialisée et indélébile
Porteuse de nouvelles comme le vent ?
Soufflez-vous donc !
Portez avec vous la fécondité des nouvelles idées
Laissez-moi explorer le terrain obscur de la connaissance,
Car où mon âme habite
Il n’y a que des plateaux incultivés
Des chutes d’eau insoumises
Et les animaux sauvages.


Frederico Ferreira

mardi 6 mars 2018

Sur la plateforme du Métro de Paris

Je vois beaucoup de gens, 
Dans le mouvement frénétique des grandes métropoles, 
Toujours seules. 

Au fond, un monsieur noir, 
Garde sa timidité derrière une pile de livres. 
Au-delà, un couple de jeunes essaye 
Les petites bises, aussi 
Timides. 

En réalité, ils se touchent, 
En cherchant la caresse plus intime, 
Plus forte, 
Comme les chevaux, 
Qui entament la conquête 
De la vastitude du cœur. 

Frederico Ferreira

Paris, Avril 2015

lundi 19 juin 2017

Bel oiseau

                                                    à G.V.
I

Bel oiseau perdue
Qui trouvez sa branche dans les arbres du monde.
Je vous comprends.
Je aussi cherche ma place dans les vagues.
De loin je regarde tes yeux
Avec ton regard intrépide, inquiet mais doux.
Les vents vous incitent la recherche.
Ils vous invitent à la découverte.
À quoi bon à perdre ?
Volez, volez très loin,
Ne laissez pas que le doute vous faiblissez
Ne laissez pas que vos recueilles vous empêchent de partir.
Laissez que votre cœur vous guide,
Comme les feuilles sont guidées par le vent
Mais toujours trouvent aussi sa place.  


II

Bel oiseau perdue. Rentrez chez vous.
L'ange sur la Cathédrale vous l'avait déjà annoncé !
Vous avez trouvé votre place.
Vous avez rencontré les vôtres.
Votre amour retrouvé vous attend :
Au bord des eaux tranquilles du Rhône et Saône vous pouvez vous apaiser.

Vos blessures seront guéries,
Votre âme apprivoisée sera libérée,
Et vous sentirez la vie qui pousse.
Sentirez le goût des quenelles,
Les odeurs de Provence, Le Mistral sur la Côte d'Azur.
Le vent qui souffle de la Méditerranée viendra caresser vos plumes
Votre envol sera doré comme la Lumière qui vous conduira.

Et si jamais votre cœur aventureux se fatigue de l'horizon lointain,
Retrouvez votre nid.
Votre patrie vous sera toujours gentille.


Frederico Ferreira et Raquel Machado

vendredi 26 mai 2017

Les vautours

Autour d’un grand val,
Au sommet des montagnes,
Un groupe de grands oiseaux noirs regardent l’entourage.
Là-dessous, ils observent le défilé lugubre
Où les gens marchent sans destination.
Ils sont déjà fatigués, comme proies presque mortes, fantômes vivants.
Quelque chose contrôle leurs pensées et leurs espoirs,
Comme petites fils liés à leurs têtes.
Ils sont tous convaincus qu’ils doivent rendre obéissance à ces vautours.
Ils ne sont même pas capables de les faire face,
Car ils sont les Élus. Ils ont du pouvoir et de l’argent.


Entre eux, les vautours savent qu’ils sont la racaille.
Ils ne se respectent que par l’intérêt.
Volant sur la foule d’imbéciles et des vermines moraux on trouve les aigles.
Aussi connues par la justice et les institutions,
Elles ont semé la zizanie partout.
Même les vautours ont commencé à méfier de ses semblables.
Tous ont commencé à se débattre.
Les grands cris remplissaient le vide, le silence absolu – avant le signe d’ordre et obéissance indiscutables.
La foule se divisait – toujours accompagnée par les fils invisibles – ce qui amusait leurs conducteurs.
Ils se riaient des attaques inattendues, et voyaient
Que, comme prévu par l’Évangile – encore que par une raison diverse - , les fils se lançaient contre leurs pères, les filles contre leurs mères.
Les attaques étaient à la fois plus fortes,
Cependant, ils n’ont pas agréé que leurs besoins étaient les mêmes.

Alors que les vautours se désespéraient, les aigles commençaient à agir.
Elles ont montré à la foule qu’elle a été trompée.
Car les aigles défendaient les imbéciles, ils ont été aussi embêtés par la lumière qui se projetait arrière d’elles.
Ils ont pensé que la lumière devenait des aigles, autant qu’elle venait du soleil.
Elles utilisaient avec sagesse ce qu’elles ont entendu contre les vautours.
Même cette croyance du peuple leurs soutenait.

Avec leur expertise en détourner la vérité et par son esprit corporatif,
Les vautours se sont rajoutés pour lutter contre les aigles
Pour nier leurs accusations, pour choisir un leader plus captivant, d’autre élu
Qui saurait comment parler les choses pour contrôler les deux côtés de cette désordre.
Néanmoins, les aigles insistent.

La bataille continue encore…

Loin de là, un autre oiseau observe tout.
Il flotte sur les grands courants d’air qui soufflent vers les côtes.
Rien le touche. Il fait peur car il hante aussi les tempêtes
Il a des ailles géantes l'Albatroz, prince des nuées.

Frederico Ferreira

mercredi 3 mai 2017

La Guerre

Écoutez-moi avant qu’il soit trop tard.
Votre mémoire médiocre vous empêche de remémorer le passé : 
Je suis la bête immonde qui habite le cœur humain, 
L’hyène affamée qui boit votre sang et mange votre chair. 
Vous pensez que vous me connaissez, mais non !
Je suis cachée dans les ténèbres
Je préfère faire apparaître votre orgueil, 
Ce sentiment qui vous fait petits en essayant d’être grands.
Je flatte votre courage et je jette des provocations en l’air.
Je tourmente votre pensée et j’empoisonne votre cœur. 

Ah ! Comment vos Chefs d’État sont faciles à déranger !
Comme les pays – ces petits morceaux de terre que, vus à la distance, n’ont aucune frontière – 
Et ce sentiment de patriotisme fou
Ne sont autre chose que la manifestation de votre faiblesse !
Pour moi, il n’importe pas la couleur de votre peau, 
J’aime le sang, souvent rouge. 
J’ignore la langue que vous parlez
Je comprends seulement le dernier soupir de vos héros. 
Je ne parle que la langue de la mort
Et je vaincs toujours. 

J’ai envie de voir vos yeux tristes en soupirant pour la paix que n’arrivera jamais.
Je recueillerai vos larmes pour arroser mon jardin de cadavres
Pendant que j’écoute la symphonie mélancolique des mères qui pleurent leurs enfants.  
Tout cela vous semble triste, je le sais. 
Cependant, je serai à côté des bourreaux de l’humanité
Je jouirai avec eux leur richesse maudite 
Je tressaillirai pour chaque balle tirée, 
Pour chaque bombe jetée, 
Mais surtout pour chaque corps qui tombe !

Oh ! Comme je suis méchante !
Éloignez-vous de moi, alors. 

Je vous attends un jour, 
Pendant que je rêve avec la douleur 
Et les paysages insolites de destruction et de mort
À cause de vous-mêmes. 

Frederico Ferreira

mercredi 18 janvier 2017

L’Art de Faire Apprendre

Dans mon pays, il y a la croyance générale que nous n’oublions pas nos maîtres, surtout ceux qui ont eu la capacité de semer sur le terrain aride de l’apprentissage.

Pour moi, il y a quelques-uns qui sont même remarquables, surtout ceux des lettres et de littérature comme M. Silvio et mes chères professeures de langue étrangère.  Dans les expériences innombrables, il a été le premier capable de me montrer la beauté de ma langue maternelle, de la grammaire, le plaisir de l’écriture. À ce moment-là, à 15 ans seulement j’ai commencé à écrire des poèmes.  Quand j’en avait beaucoup pour lui montrer, je l’ai fait et, même avec les imperfections, il m’a encouragé à continuer d’écrire :  Ne t’arrête jamais ! et moi, je suis son conseil.  Mais, non seulement il m’a aidé à découvrir le plaisir de l’écriture, mais aussi de la lecture.   Dans sa salle, il y avait un lieu plein de livres, de la bonne littérature et il nous disait toujours : c’est à vous ! Prenez ce que vous voulez ! Il n’y a pas besoin de me dire ce que vous faites. Je sais que vous avez de la responsabilité. 

Grâce à son comportement libéral il nous a montré le vrai poids de la liberté. Soit par cette question avec ses livres, soit parce qu’il nous donnait nos propres examens à corriger et donner la note, personne n’était capable de le tricher.     

Quand j’ai commencé à étudier dans ce collège-là où il travaillait, il était déjà malade.  Il souffrait de leucémie et parfois il s’absentait pour se faire traiter de ses crises.   Les cours étaient assurés par un pauvre professeur remplaçant, encore très loin de la lumière de sa connaissance et de son talent, une fois qu’il était le maître par excellence.

Aujourd’hui, à 44 ans, je continue à apprendre et maintenant c’est avec mes chères professeures de français.  La belle langue m’a touché directement au cœur et pour moi, le plaisir est encore plus fort parce qu’elles m’ont aidé à concrétiser un rêve ancien.   Peut-être inexplicable, mais dès que j’étais très petit j’avais le souhait de parler français.

J’ai commencé par un cours intensif et j’étais heureux parce qu’il y avait un seul élève avec moi et parce qu’il connaissait déjà le français.  Toujours préoccupée avec le contenu et notre succès, la professeure nous demandait si elle pouvait approfondir le contenu un peu plus. Etant courageux, la réponse était souvent positive et j’avais un avancement incroyable me permettant d’avancer d’un an et demi le temps normal de toute la formation officielle de la Langue Française.  Daniela a semé sa connaissance sur un sol prolifique et a choisi les semences capables de fournir la bonne récolte à jamais.  

Après cette introduction à corps perdu, j’ai commencé la période de la découverte.  Si Daniela m’a introduit à la grammaire, c’était avec Raquel que j’ai plongé dans la littérature française.  Ce qui au début était la préférence par rapport aux autres pays – excepté le mien -  concernant les auteurs et en considérant la forme et le contenu des romans, s’est transformé en l’attachement, le plaisir, la soif de connaissance, la contemplation absolue.  Elle m’a fait découvrir le panthéon de dieux consacrés par l’Art.

Et pour finir - mais ce n’est pas encore la dernière brique dans cette construction linguistique et culturelle, de beauté et d’amitié, ou même la dernière pluie qui est tombée sur les semences plantées il y a quelques années - Marilda m’a fait réjouir la sensation d’être conduit par un chemin sans m’apercevoir où j’allais, avec tendresse et beaucoup de sensibilité, elle m’a fait reconnaître que la beauté de la langue existe non seulement dans les œuvres célèbres des auteurs classiques, mais aussi dans les petits recueils et qui sont fleuris dans les champs parfumées de la Francophonie. 

Frederico Ferreira